Du retard dans ma correspondance, ceci dit depuis les Boucles du Verdon, je n’ai participé à aucune épreuve. Notez que je suis inscrite à la Marmotte dans 8 jours. Je ne sais pas encore si je m’alignerai sur ce parcours prestigieux...
Si cela vous intéresse, je vous relate dans l’ordre chronologique ma 1ère sélection en équipe de France pour la manche Espagnole de la coupe du Monde UCI 2011 avec la classique de Valladolid + Durango-Durango, puis mes 1ers tours de roue en contre la montre (Championnat de Provence et Championnat de France) + un rajout de dernière minute ma médaille de bronze dans la course en ligne du Championnat de France Elite féminines (1ère participation)
Tout d’abord une grosse pression dans cette 1ère semaine de juin. Porter le maillot tricolore c’est pour moi un très grand honneur. Je ne veux pas décevoir Danny Bonnorond, l’entraîneur nationale qui m’a retenue.
Classique de Valladolid (CDM). Situation anachronique, puisque je suis la plus âgée du peloton (et oui la galanterie n’existe pas en UCI, cette contrée internationale où notre identité s’accompagne d’un matricule dont les 4 premiers chiffres correspondent à notre année de naissance), et pourtant totalement néophyte parmi ces femmes cyclistes professionnelles. Quelques noms pour me situer dans ce peloton : Marianne Vos qui gagne tout du haut de ces 24 ans, Fabiana Luperini excellente grimpeuse au palmarès impressionnant qui a repris la compétition en vu du championnat du Monde qui se déroulera en Toscane en 2013 avec un circuit à sa mesure, Judith Arndt (plusieurs fois championne du Monde), Emma Johansson
Noemi Cantele, Annemiek Van Vleuten, Martine Bras, Chantal Blaak et j’en passe...
Une seule vainqueur pour ces 2 courses : Marianne VOS. Je l’ai entrevue lors de la 1ère course (Valladolid) lors de sa chute. Je n’ai pas compris pourquoi après s’être relevée, elle faisait tourner ses roues. Réponse : c’était pour vérifier que ses roues n’étaient pas voilées. Moi qui tata du bitume lors de la même course à 20 kilomètres de l’arrivée, je n’ai pas eu le même réflexe. Résultat : je ne comprenais pourquoi je ne parvenais pas à rentrer après cette chute (si vous voulez voir comment cela s’est passé, cliquer sur http://mountainclimbingbeet.newsbeet.com/videos/GRAND+PRIX+VALLADOLID, ce n’est pas moi sur les images, mais c’est le même revêtement). C’était à cause de cette roue plus que voilée qui frottait sur les patins. Bon entraînement contre résistance. 49ème et du vernis en moins à Valladolid.
Durango-Durango
1000 m de dénivelé dans le dernier quart de la course. Plusieurs échappées, des descentes techniques et je me retrouve distancée quand la bonne part. On arrive au sprint pour la 20ème place. Je fais 36ème et pas dernière du sprint. La dizaine de compétitrices citées plus haut sont classées devant moi. Mon amour propre en a pris un petit coup au moral. C’est toujours décevant d’avoir de très bonnes jambes et de finir à ces places. Toutes ces compétitrices sont rompues au niveau international, que ce soit avec ces manches de Coupe du Monde, et leurs sélections aux différents championnats (Europe, Monde, piste, quand ce n’est pas le cyclo-cross) depuis leur plus jeune âge. Moi aussi, je suis habituée aux pelotons internationaux avec les Etapes du Tour, la Marmotte qui regroupent de nombreux cyclosportifs de tous les continents. Quelques différences malgré tout dans ce concept melting pot exploité par Benetton : beaucoup plus de couleurs en cyclosport, des hommes, des femmes, des jeunes, des plus âgés, un peloton peut-être même trop bigarré (je vous recommande en plus ordonné la Fausto Coppi magnifique épreuve cyclosportive italienne où le règlement impose le même maillot à tous les participants comme si nous étions tous de la même équipe) ; surtout beaucoup plus de kilomètres heure pour les courses féminines. Atteindre les 40 km/h de moyenne, même si c’était majoritairement en peloton, cela fait drôle. J’avais l’impression d’être dans un autre monde. J’avais eu l’audace de monter un plateau de 51 pour les descentes. Il m’est même arrivé de mouliner en 51x11 sur le plat ! Le compact « c’est pas leur truc ». Et qui dit vitesse dans le peloton, dit que chacune tient à sa place, alors ça frotte, ça va même jusqu’à bousculer : “pousse toi que je m’y mette”. J’avais posé la question à Christel Ferrier-Bruneau à Izernore, qu’est-ce qui change à ce niveau de compétition ? Sa réponse était exacte : “ça frotte beaucoup et ça va vite, parfois même très vite”.
Mes 1ers pas en contre la montre. Lundi de Pentecôte, direction Mormoiron au pied du Ventoux pour le championnat de Provence de CLM Femmes sur un circuit de 20 km commun avec les jeunes hommes (Juniors, Espoirs). Étant la seule concurrente senior femme, je suis donc championne de Provence de contre la montre 2011, à la moyenne horaire de 41 km/h avec un dénivelé de 280 m et un petit mistral, surtout un circuit au pied du Géant de Provence où le mistral a moins de force. Heureusement 2 juniors dames étaient également présentes, Fleure Faure qui revenait de la manche de Coupe de France en Champagne et magré cela elle a trouvé l’énergie pour conquérir le titre de Championne de Provence. Félicitations.
Quelques péripéties avant de parvenir à ce titre de Championne de Provence. 48 h avant la course, je suis montée pour la 1ère fois sur ma monture, un Cannondale Slice avec des roues normales. Et là, surprise. Difficile de rouler droit. Au bout de 2 km avec un mistral déraisonnable de face, j’ai mis pied à terre. Comment faire ? Rouler avec le vent favorable, s’est avéré la meilleure solution pour obtenir une trajectoire à peu près rectiligne. Restait plus qu’à espérer que le vent soit favorable, et que la route soit suffisamment large. Le lendemain, essai de la roue lenticulaire : je n’ai pas vu ce que ça apportait en terme de vitesse, mais le jour J, cela a probablement contribué au 41 km/h.
Huit jours plus tard, direction Boulogne sur mer et son Championnat de France de contre la montre. Je croyais que cela allait être un remake de Bienvenue chez les Ch’tis. Et je ne m’étais pas trompée que ce soit pour la gentillesse des autochtones, et la météo locale. Avis de grand frais avec force 6 à 7, température 12° le matin. C’est tempétueux dans ce corridor de la Manche. Quelques averses qui ne comptent pas, puisque vu le vent, ça sèche très vite, enfin en théorie. Après un échauffement classique, je pars en 3ème position. Les grandes favorites partent longtemps après moi : Jeannie Longo (j’ai mis dans la rubrique idoine les photos de ma 1ère rencontre avec elle lors du challenge du Dauphiné 2009), Christel Ferrier-Bruneau, Edwige Pitel et Pauline Ferrand-Prevot. Tant mieux. Je n’aurai pas la honte d’être rejointe (en fait je découvre après l’arrivée que les 10 1ères partent dans leur ordre d’arrivée l’année suivante). 3, 2, 1, c’est parti pour 19 km, avec 5 bosses, du vent de travers et une descente assez à tombeau ouvert que j’ai repéré la veille. Bon ça part vite. Ca va. J’essaye d’appliquer les petits trucs de la reconnaissance, passer la plaque à tel endroit, virage à la corde, bref des détails. Et puis impression de flottement dans la direction. Diagnostic immédiat : crevaison à l’avant. Catastrophe ! Pas le temps de réfléchir, changement de roue (c’est plus rapide que si cela avait été la roue arrière, mais à l’arrière j’avais un FMB. J’ai décidé le matin même de ne pas prendre la Bora avant montée avec le boyau FMB Record à cause du vent. J’ai préféré jouer la sécurité). Et c’est reparti. J’arrive sur le temps intermédiaire à 8,5km. 13’46 temps très moyen. Et puis ça déroule. Arrive l’avant-dernière bosse le Mont Lambert. La classe, aucune circulation, on passe au plus court, à gauche, le plus à l’abri du vent. C’est un bon casse patte. Et j’aperçois Jennifer Letue partie 2’ plus tôt. Je la dépasse dans le haut du Mont Lambert. Elle me repasse dans la descente. Attention à respecter les 2 m, etc. Puis sur la côte d’arrivée, je gagne le sprint et j’établis le meilleur temps en 31’32 “. Il tiendra assez longtemps, jusqu’au passage de PFP (Pauline Ferrand-Prévot) qui m’a fait forte impression sur la dernière ligne droite. Hélas pour elle, elle ne monte sur le podium que pour la 2ème place du podium Espoir. Puis Audrey Cordon, Julie Krasniak, Christel Ferrier-Bruneau, Edwige Pitel qui a chuté en bas de la dernière descente à 600 m de la ligne, 80 km/h en pointe alors qu’elle n’était qu’à 15“ de Jeannie (fracture de la main gauche d’après le journal l’Equipe) et surtout Jeannie Longo dans son style si particulier mais tellement efficace (c’est la seule à descendre sous les 30’) me repoussent à la 7ème place. Ce qui m’impressionne chez Jeannie, ce n’est pas son âge, mais c’est le niveau de performance présent. J’ai hâte de voir sa performance au championnat du Monde de CLM en novembre, au Danemark sur un circuit plat.
Top 10 à mon 1er Championnat de France de contre la montre avec une crevaison, sans chute. Il va falloir débriefer. Je découvre le contre la montre. Plutôt que de m’étendre sur les problèmes qu’il a fallu surmonter ou résoudre pour parvenir à ce résultat, j’ai établi la liste par ordre alphabétique de toutes celles ou tous ceux que je remercie du fond du cœur pour m’avoir aidé à trouver une ou plusieurs solutions. J’ai choisi l’ordre alphabétique, parce que c’est le moyen le plus rapide pour se trouver (j’espère n’avoir oublié personne), et puis chacune ou chacun sait ce que je lui dois dans cette mini aventure sportive :
Dany Bonnoront, sélectionneur Équipe de France Cyclisme Féminin
Cedric Berard, O2 bicycle shop, Eguilles
Jean-Michel Bourgouin, Directeur sportif AVC Aix en Provence, club DN1
Gérard Bremond, Mécanicien équipe de France
Niels Brouzes, ancien pro, Elite VC Rouen
Jean-Christophe Currit, Leader Team Cyclosport Ekoï
Fleur Faure, Junior AVC Aix en Provence
Nicolas Fritsch, mon entraîneur ESP Consulting
Philippe Gileron et son épouse Karine Saysset, AC Montagnac
Lilian Jegou, ancien pro et Jean-François Jegou, cycles Jegou, Sautron
Christophe Jouffrey, Directeur de Cannondale Europe
Stéphane Javalet, Directeur Sportif Auber 93
Jean-François Klatovsky, un ami cyclosportif expert technique
François Marie, FMB artisan, fabricant de boyaux
Dominique Mellet, CTR Provence
Frédéric Muffat, fondateur de la Time-Megeve Mont Blanc
Duarte Pereira, Manager CSM Epinay
Jean-Christophe Rattel, Manager du Team Ekoï
Frédéric Rostaing, Manager du VC La Pomme Marseille
Didier Roux, Winbike, Mauguio
Jean-Pascal Roux, Président du club Ventoux Vélo Sensation
Dominique Sappia, Kiné de Marseille
Lionel Scorsone, cycles Scorsone, Aix en Provence
Christophe Soenen, Directeur Campagnolo France
Didier Soenen, stage DSO
Joël Steve, VeloFitting
Jacky Tiphaigne, Président délégué USSAPB (Ste Austreberthe Pavilly Barentin), club DN1
Fabrice Vanoli , Directeur technique et des partenariats, Cofidis
Après débriefing, pour moi, le contre la montre c’est comme la Formule 1 (cela a sûrement été déjà utilisé). J’ai le moteur. Il faut maintenant améliorer le châssis, les suspensions et les pneumatiques, travailler l’aérodynamisme, puis trouver le bon pilote. C’est un super challenge qui me tente. Pour le top 3, faut pas rêver. Les Jeux Olympiques de Londres motiveront sans nul doute Jeannie bien qu’elle déclare actuellement le contraire, PFP vice championne du Monde Junior de clm dont la 4ème place est à relativiser puisqu’elle était fiévreuse (c’est même courageux de sa part d’avoir respecté son engagement), et puis Christel et Edwige (qui j’espère récupèrera rapidement de sa chute) ne laisseront pas passer une sélection nationale aux JO. Saine concurrence en perspective. Tant mieux.
Hier, samedi 25 juin 2011 course en ligne du championnat de France, avec un circuit de 13,7 km à parcourir 8 fois, soit 109 km pour un dénivelé de 2060 m. Les 3 derniers km du circuit sont ceux du CLM avec la fameuse descente à tombeau ouvert, où Edwige a chuté. La flamme rouge commence par les 200 derniers mètres de descente, puis ligne droite bien pentue. J’ai l’honneur d’être la seule représentante du Comité de Provence. De fait, aucune coéquipière et pas de course d’équipe. Je pense que c’est un réel handicap, au vu des équipes UCI engagées et leur armada de coursières, Vienne Futuroscope, GSD, ASPTT Dijon, Gervais Lilas sans oublier les comités régionaux, notamment Bretagne et Champagne Ardennes. Heureusement qu’il y a plusieurs individualités dont mes 2 favorites, Jeannie Longo et Christel Ferrier-Bruneau. La météo toujours aussi « clémente » avec le même avis de météo France, de la pluie dès 6h30 et 12° au thermomètre avec un vent de Sud Ouest (toujours le même depuis 2 jours). Heureusement, la pluie s’est transformée progressivement en bruine intermittente. Malgré les conditions météo, les difficultés du parcours, peu de concurrentes ont déclaré forfait. Le vélo est un sport de plein air ! Même Edwige blessée a pris le départ. Quel courage ! Les 1ers tours furent parcourus à faible allure, à cause du parcours glissant, de l’absence de leadership d’une équipe, chacune s’observant. Pour moi, dans ces 1ers tours les plus actives furent Jeannie Longo, elle devant et les autres derrière comme en procession, et Mélodie Lesueur qui a essayé d’élever le rythme a plusieurs reprises. Ces 2 téméraires ont crevé et sont rentrés très rapidement au chaud dans le peloton. Heureusement, une équipe a secoué le cocotier avec Joanne Duval de l’ASPTT Dijon, qui a rapidement pris plus d’1 minute. 2 tours plus tard à 3’10, cela commençait à devenir sérieux. Christel démarrait dans la côte la plus difficile au début du 5ème tour, puis était reprise. Peu de temps après, je me suis portée à l’avant du peloton qui avait manifestement besoin de récupérer après l’accélération sus-citée et le fait que l’on avait passé la moitié du parcours. Et là devant l’apathie apparente, j’ai démarré, ce qui m’a permis de prendre rapidement un 10zaine de secondes d’avance, sur mes 2 poursuivantes Christel et Jeannie, les autres n’ayant manifestement pas pu suivre. Elles sont revenues sur moi au bout de 3 km et d’emblée nous avons relayé sans rechigner. La pauvre Joanne a vu passer “3 mobylettes” d’après son interview par Gwéna. Elle a été rejointe par Béatrice Thomas qui a crevé au mauvais moment, mais elles font 4 et 5, et elles ont su prendre leurs responsabilités. Pour nous devant, pendant ce temps il nous fallait faire attention aux quelques attaques des unes et des autres. Jeannie Longo voulait son 59ème titre, Christel un 2ème maillot tricolore après celui de 2009 la motivait manifestement. Et moi, je ne voulais ni faire 3, ni 2, mais je me doutais que cela n’allait pas être simple vu le niveau de mes partenaires d’échappée. À la flamme, Jeannie était devant pour prendre un maximum d’élan. Au pied de la bosse d’arrivée, Christel a attaqué de l’arrière. J’ai essayé de me maintenir à son niveau, mais les muscles commençaient à être plus que douloureux. Au 500 m, je savais que Christel serait la championne de France 2011 Dame Elite. Restait la 2ème place. J’ai essayé de conserver l’avance relative que j’avais sur Jeannie, mais elle m’a passée au 200 m. Vice-championne de France 2011. Chapeau bas. Je finis donc 3ème, avec la médaille de bronze. Il a peut-être manqué 50 km de plus et 1000 de dénivelé supplémentaire pour que je monte sur une autre marche. Je vais en parler aux organisateurs pour 2012 J
Quelle analyse puis-je faire de cette course ? Beaucoup de similitudes avec la course du Mont Pujols que j’ai remportée en avril 2011 : un circuit exigeant avec des vrais ascensions ; je pars de l’avant, seule à Pujols, accompagnée par les 2 meilleures (c’est les 2 1ères du contre la montre) aujourd’hui ; l’écart de temps à l’arrivée entre le peloton et l’échappée est de plus de 8 minutes pour ces 2 courses ; des coureuses volontaires sont parvenues à s’intercaler entre l’échappée et le peloton, même si les 3 premières places étaient déjà prises, notamment Béatrice Thomas qui fait 3 à Pujols, et 5 à Boulogne. Une pensée pour Edwige qui a fait 2 à Pujols, et qui n’a pas pu défendre ses chances sur cette course en ligne qu’elle avait probablement cochée.