Magdalena, lutin des cimes...

Portrait.
Magdalena Saint-Jean a découvert le vélo et les cyclos il y a 2 ans à peine.
Depuis, elle ne peut plus s’en passer.

Des yeux de braise sous des cheveux de jais que la canicule accentue davantage, le visage émacié qui témoigne de la dureté de l’effort, la morphologie aussi de la sportive accomplie qui passe des heures sur la selle.

C’est Magdalena de Saint-Jean.
Un petit bout de femme dont la minceur, pour ne pas dire la maigreur, nous dit à quel point cette Polonaise d’origine sacrifie du temps, beaucoup de temps, à son sport préféré.

Magdalena a terminé première féminine de la Petita. Le parcours le moins tourmenté, le moins long également de la Hubert-Arbes. Mais n’allez surtout pas croire l’éventualité d’une restriction ! Que nenni ! Notre admiration est sans bornes pour tous ces forçats du macadam.

le Tourmalet : un mythe

Elle l’est d’autant plus que le climat, en cette fin du mois de juin, est sans pitié pour les corps. N’oublions pas que la Petita comportait l’ascension du Tourmalet. Une difficulté que l’ophtalmologue d’Aix-en-Provence, où elle réside, ne connaissait que de réputation.

Figurez-vous que sa pratique du cyclisme et des cyclos est toute récente :
«Je me suis mis au vélo il y a deux ans. Et puis, un jour, on m’a proposé de m’essayer au vélo. Cela m’a bien plu. J’appartiens à une équipe cyclo qui se nomme Team Scott Vélo 101. com. Je suis l’unique fille d’un groupe qui comporte sept garçons. Jusque-là, j’ai participé à huit cyclosportives. J’ai remporté six victoires et pris la deuxième place à deux reprises.»

26.000 km en deux ans

C’est la première fois que Magdalena franchissait les cols des Pyrénées. Enfin, en compétition. Jusque-là, celle-ci, par la grâce des stages Laurent Fignon, avait déjà eu l’occasion de faire connaissance avec les cimes d’ici. Mais «Tourmalet jamais», comme elle a dit, sans prononcer l’article dont on sait qu’il n’existe pas dans les langues slaves.

Justement, que pense-t-elle de ce qu’il est convenu d’appeler «un mythe?»
«Je l’ai trouvé moins dur que d’autres. C’est un col qui permet de trouver un rythme régulier. Le décor y est somptueux, j’étais comme dans une méditation. Non, pour moi, le plus dur, c’est Hautacam, le terrible. C’est comme ça que je le surnomme. Là, on ne peut pas gérer l’effort, on est souvent en prise. De tous ceux que j’ai grimpés, le plus facile et le plus sympa, c’est l’Aspin.
En haut, il y a toujours des vaches, les promeneurs ont toujours un petit mot, c’est cool…»

Deux ans de cyclisme, une courte pratique des Pyrénées et pourtant Magdalena en connaît déjà toutes les ascensions ou presque :
«Grâce aux stages de Laurent Fignon qui sont extraordinaires. En plus d’avoir fait connaissance avec les cols, j’y ai appris la technique, la gestion de l’effort lors des ascensions.»

Reste que de tous ceux qu’elle a eus à affronter, le mont Ventoux demeure le plus difficile.

En deux ans de sortie, Magdalena a accompli 26.000 km. Un véritable tour de force pour cette maman de quatre enfants.
Qui l’aurait cru?

Gérald Gauthier